4- Quelques personnalités
Article mis en ligne le 8 avril 2021
dernière modification le 9 avril 2021

Ces raccourcis biographiques n’engagent que l’auteur.
Il est utile évidemment de se rapporter au monument MAITRON (1ère période, 1789-1864, maintenant disponible en ligne, en croisant avec du Roger CARATINI (Dictionnaire des personnages de la Révolution, Le Pré aux Clercs 1988), du Bernard GAINOT, Dictionnaire des membres du Comité de salut public  : dictionnaire analytique biographique et comparé des 62 membres du Comité de salut public, Tallandier 1990, voire de l’Auguste KUSCINSKI, Dictionnaire des conventionnels, Société de l’Histoire de la Révolution française, (F. Rieder 1916), réédition Éditions du Vexin français 1973 ; et, s’il vous reste du temps, avec les ouvrages élaborés pour le Bicentenaire, de FURET/ OZOUF (Dictionnaire critique de la RF, Flammarion 1988) ou SOBOUL (Dictionnaire historique de la RF, PUF 1989), TULARD (Histoire et dictionnaire de la Révolution française, Robert Laffont 2004) et Wiki...

On peut essayer en tous cas d’approcher le mystère de l’importance, de la dérive de certains individus : comment Robespierre, discret lecteur de Rousseau, philanthrope en 1789 devint-il tout puissant en 1794 [GUENIFEY Patrice, Histoires de la Révolution et de l’Empire, Perrin 2011, chapitre 7 « Robespierre, un itinéraire » et BIARD Michel, En finir avec Robespierre et ses amis (Juillet 1794 - Octobre 1795), Lemme éditions 2021 …] ? Comment Boukharine, partisan de la destruction de l’Etat en 1915, de la guerre de partisans en 1918, devint-il la plume de Staline ? Comment Garcia Oliver, membre de groupes de combat dans les années Vingt se retrouve Ministre en 1937 implorant (journées de mai) ses camarades de la base de déposer les armes face à la racaille stalinienne ? François BEDERIDA s’interroge (1926-2001) : « Reste un problème majeur : celui de la place des grands hommes dans l’histoire. On a soutenu non sans raison que les grandes figures éclairent leur temps et que leur temps les éclaire. […] « L’histoire est-elle la chronique des hommes et des femmes célèbres ou bien seulement de la manière dont ils ont répondu aux forces et aux mouvements de leur temps ? » […] En réalité l’interaction est continuelle entre l’individu et le milieu. De là un équilibre fragile et changeant, tout particulièrement dans une vie combattante comme celle de Churchill, avec son parcours agonistique, ses bifurcations et ses contradictions, sans parler d’une large dose d’improvisation au contact des circonstances, malgré la permanence des principes et des croyances. […] « L’histoire me justifiera, en particulier parce que l’écrirai moi-même. » (Cf. son introduction de Churchill, Fayard 1999).

Daniel GUERIN (1904-1988) nous prévient : « … pour apprécier le rôle exact de tel ou tel personnage révolutionnaire, faut-il le regarder dans son devenir, non pas à une seule, mais aux diverses étapes de la Révolution et faut-il le considérer non seulement par rapport aux couches les plus arriérées de la société d’alors, mais également par rapport à l’avant-garde qui entraînait la société vers l’avant. En 1789, alors que la bourgeoisie hésite même à s’engager dans la Révolution bourgeoise, un Robespierre, animé de la volonté de la pousser jusqu’au bout, se situe à l’extrême pointe de la Révolution. A la fin de 1793 et en 1794, face à l’avant-garde populaire qui cherche à dépasser la Révolution bourgeoise, l’homme qui, par crainte des masses, n’ose plus parachever la révolution bourgeoise, qui se fait le protecteur de l’Eglise et des non-guillotinés de la Gironde se trouve ramené à l’arrière-garde. » (pages 21/ 22, La RF et nous, Maspéro 1976). Et Bernard REICHENBACH (1888-1970), l’un des membres fondateurs du KAPD pose, devant le congrès de l’IC en juillet 1921, un autre problème essentiel : « La question que nous devons traiter de manière décidée est la suivante : comment brisons-nous le capitalisme, comment conduisons-nous ce processus, de quelle manière devons-nous le conduire pour que dans ce processus le prolétariat conserve les rênes en mains ? » (Ni parlement ni syndicats, page 221). On peut aussi jeter un œil sur l’importance de Lénine, vu par Trotsky (pages 374/ 376 d’ Histoire de la révolution russe, tome 1, Seuil 1995) ou relire Le Siècle des chefs (Cohen Yves, Amsterdam 2013).
Enfin, dans un poème BRECHT Bertolt (1898-1956) raisonne (Cf. Questions que pose un ouvrier qui lit, réédition L’Arche 1997) :

Qui a construit Thèbes au sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ?

Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent, ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.

Le jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?

Quand sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?

À chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait ?

Autant de récits,
Autant de questions.

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