projection du film "la fête est finie" à l’Utopia
Article mis en ligne le 1er novembre 2015

LA FÊTE EST FINIE

documentaire de Nicolas Burlaud - France 2014 1h12mn -

2013 : Marseille-Provence est élue capitale de la culture. Dans les Bouche-du-Rhône on compte près de 900 événements organisés pour 10 millions de visiteurs. Marseille devient la ville à la mode. Et pourtant, un arrière goût se dégage…

Partout en Europe, sous les assauts répétés des politiques d’aménagement, la ville se lisse, s’embourgeoise, s’uniformise. Cette transformation se fait au prix d’une exclusion des classes populaires, repoussées toujours plus loin des centres-villes. L’élection de Marseille au titre de « Capitale Européenne de la Culture » a permis une accélération spectaculaire de cette mutation. Là où brutalité et pelleteuses avaient pu cristalliser les résistances, les festivités, parées de l’aura inattaquable de « La Culture », nous ont plongés dans un état de stupeur. Elles n’ont laissé d’autre choix que de participer ou de se taire. Aujourd’hui, la fête est finie… et la gueule de bois est terrible.

« Le film montre les différentes facettes d’un processus global de dé-civilisation urbaine fait de dislocation territoriale, de désintégration sociale et d’aliénation culturelle. Ce à quoi on assiste, c‘est à une restructuration néo-libérale et sécuritaire du tissu urbain, en cours dans presque toutes les villes européennes, pour expulser et disperser au loin les couches populaires. Mais le film incite en outre à s’interroger sur l’importance croissante accordée à la mise en scène culturelle et touristique d’une ville par ses gestionnaires. La mise en avant de la culture - ou plus exactement du "culturel" - ne sert pas seulement à la valorisation marchande de l’espace urbain. Il y a une autre finalité, plus directement idéologique : dans des sociétés à court d’idéaux et d’utopies susceptibles d’ouvrir vers l’avenir, il s’agit aussi de réenchanter un présent sans perspectives à l’aide d’artéfacts souvent burlesques et toujours dérisoires. »
Jean-Pierre Garnier, sociologue et urbaniste.